Contes & Légendes

Légende Hindoue

Légende Hindoue

Une vieille légende hindoue raconte qu'il y eût un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.
Lorsque les dieux furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci : "Enterrons la divinité de l'homme dans la terre."
Mais Brahma répondit : "Non, cela ne suffit pas, car l'homme creusera et la trouvera."
Alors les dieux dirent : "Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans."
Mais Brahma répondit à nouveau : "Non, car tôt ou tard, l'homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu'un jour, il la trouvera et la remontera à la surface."
Déconcertés, les dieux proposèrent : "Il ne reste plus que le ciel, oui, cachons la divinité de l'homme sur la Lune."
Mais, Brahma répondit encore : "Non, un jour, l'homme parcourra le ciel, ira sur la Lune et la trouvera."
Les dieux conclurent : "Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d'endroit que l'homme ne puisse atteindre un jour."
Alors Brahma dit : "Voici ce que nous ferons de la divinité de l'homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c'est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher."
Depuis ce temps-là, conclut la légende, l'homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, exploré la lune et le ciel à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.


Eléphant enchaîné

Quand j’étais petit, j’adorais le cirque, et ce que j’aimais par-dessus tout, au cirque, c’étaient les animaux. L’éléphant en particulier me fascinait ; comme je l’appris par la suite, c’était l’animal préféré de tous les enfants. Pendant son numéro, l’énorme bête exhibait un poids, une taille et une force extraordinaires ... Mais tout de suite après et jusqu’à la représentation suivante, l’éléphant restait toujours attaché à un petit pieu fiché en terre, par une chaîne qui retenait une de ses pattes prisonnière. Or ce pieu n’était qu’un minuscule morceau de bois à peine enfoncé de quelques centimètres dans le sol. Et bien que la chaîne fût épaisse et résistante, il me semblait évident qu’un animal capable de déraciner un arbre devrait facilement pouvoir se libérer et s’en aller.
Le mystère reste entier à mes yeux. Alors, qu’est-ce qui le retient ? Pourquoi ne s’échappe-t-il pas ?
A cinq ou six ans, j’avais encore une confiance absolue dans la science des adultes. J’interrogeai donc un maître, un père ou un oncle sur le mystère du pachyderme. L’un d’eux m’expliqua que l’éléphant ne s’échappait pas parce qu’il était dressé. Je posais alors la question qui tombe sous le sens : "S’il est dressé, pourquoi l’enchaîne-t-on ?" Je ne me rappelle pas qu’on m’ait fait une réponse cohérente. Le temps passant, j’oubliai le mystère de l’éléphant et de son pieu, ne m’en souvenant que lorsque je rencontrais d’autres personnes qui un jour, elles aussi, s’étaient posé la même question.
Il y a quelques années, j’eus la chance de tomber sur quelqu’un d’assez savant pour connaître la réponse : L’éléphant du cirque ne se détache pas parce que, dès tout petit, il a été attaché à un pieu semblable.
Je fermai les yeux et j’imaginai l’éléphant nouveau-né sans défense, attaché à ce piquet. Je suis sûr qu’à ce moment l’éléphanteau a poussé, tiré et transpiré pour essayer de se libérer, mais que, le piquet étant trop solide pour lui, il n’y est pas arrivé malgré tous ces efforts. Je l’imaginai qui s’endormait épuisé et, le lendemain, essayait à nouveau, et le surlendemain… et les jours suivants… Jusqu’à ce qu’un jour, un jour terrible pour son histoire, l’animal finisse par accepter son impuissance et se résigner à son sort.
Cet énorme et puissant pachyderme que nous voyons au cirque ne s’échappe pas, le pauvre, parce qu’il croit en être incapable. Il garde le souvenir gravé de l’impuissance qui fut la sienne après sa naissance. Et le pire, c’est que jamais il n’a sérieusement remis en question ce souvenir. Jamais, jamais il n'a tenté d'éprouver à nouveau sa force ...

Jorge Bucay
Laisse-moi te raconter ... les chemins de la vie

Eléphant enchaîné

Les aveugles et l’éléphant

Les aveugles et l’éléphant

Six hommes d'Inde, très enclins à parfaire leurs connaissances, allèrent voir un éléphant (bien que tous fussent aveugles) afin que chacun, en l'observant, puisse satisfaire sa curiosité.
Le premier s'approcha de l'éléphant et perdant pied, alla buter contre son flanc large et robuste. Il s'exclama aussitôt : "Mon Dieu ! Mais l'éléphant ressemble beaucoup à un mur !"
Le second, palpant une défense, s'écria : "Ho ! qu'est-ce que cet objet si rond, si lisse et si pointu? Il ne fait aucun doute que cet éléphant extraordinaire ressemble beaucoup à une lance !"
Le troisième s'avança vers l'éléphant et, saisissant par inadvertance la trompe qui se tortillait, s'écria sans hésitation : "Je vois que l'éléphant ressemble beaucoup à un serpent !"
Le quatrième, de sa main fébrile, se mit à palper le genou. "De toute évidence, dit-il, cet animal fabuleux ressemble à un arbre !"
Le cinquième toucha par hasard à l'oreille et dit : "Même le plus aveugle des hommes peut dire à quoi ressemble le plus l'éléphant ; nul ne peut me prouver le contraire, ce magnifique éléphant ressemble à un éventail !"
Le sixième commença tout juste à tâter l'animal, la queue qui se balançait lui tomba dans la main. "Je vois, dit-il, que l'éléphant ressemble beaucoup à une corde !"
Ainsi, ces hommes d'Inde discutèrent longuement, chacun faisant valoir son opinion avec force et fermeté. Même si chacun avait partiellement raison, tous étaient dans l'erreur.


Le Papillon

Un homme a trouvé un jour un cocon de chenille et a décidé de l'apporter chez lui. Quelques jours plus tard, une petite ouverture est apparue. L'homme s'est assis et a observé pendant plusieurs heures le papillon se débattre de toutes ses forces afin de sortir de son cocon.
Au bout d'un certain temps, le papillon ne bougeait presque plus. Comme s'il avait donné son maximum et qu'il n'avait plus rien à faire. L'homme a décidé alors d'aider le papillon. Il a pris une paire de ciseaux et a coupé le reste du cocon.
Le papillon est sorti alors facilement de son cocon, amis le corps du papillon était enflé et petit, et ses ailes étaient toutes ratatinées. L'homme continuait alors d'observer le papillon et s'attendait à ce qu'il ouvre tout grand ses ailes et commence à voler, amis rien de cela ne se passait. En fait, le papillon a passé le reste de sa vie à ramper avec son corps enflé et ses ailes déformées. Il n'a jamais été capable de voler.
Ce que l'homme avec sa gentillesse et son empressement n'avait pas compris, c'est que la lutte que le papillon devait effectuer pour sortir de son cocon était essentielle à son développement. En luttant ainsi de toutes ses forces, les fluides de son corps se seraient répartis dans ses ailes et, compte tenu du temps qu'il lui fallait pour crever son cocon par lui-même et déployer ses ailes, le papillon aurait été alors en mesure de voler et de se libérer une fois pour toutes de son cocon.

Patrick Leroux
Pour le cœur et l'esprit

Le Papillon

Apprendre à se mettre debout

Apprendre à se mettre debout

Vous ne savez pas ce que vous faites quand vous marchez. Vous ne savez pas comment vous avez appris à vous mettre debout. Vous avez appris en tendant les mains avec force et, accidentellement, vous avez découvert que vous pouviez ainsi faire tenir votre poids sur les pieds. C'était une chose terriblement compliquée, parce que vos genoux se dérobaient – et, lorsque vos genoux tenaient bon, c'était vos hanches qui se dérobaient. Alors vous avez croisé les pieds. Et vous ne pouviez toujours pas vous mettre debout, parce qu'à la fois vos genoux et vos hanches se dérobaient. Vous aviez les pieds croisés – et vous avez vite appris à les écarter pour avoir une assise stable – et vous vous êtes soulevé et vous avez dû alors apprendre à garder les genoux raides – un par un, et dès que vous avez su, il a fallu apprendre à vous concentrer pour garder les hanches raides. Et c'est alors que vous avez découvert qu'il fallait apprendre à vous concentrer pour garder en même temps les hanches et les genoux contractés et aussi les pieds largement écartés. Pour finir, vous avez pu vous dresser sur les pieds écartés en vous appuyant sur les mains.
Puis vint un apprentissage en trois étapes. Vous avez réparti votre poids sur une main et sur les deux pieds, cette main-ci ne supportant rien du tout (Erickson lève la main gauche). Franchement, c'est un sacré travail – réussir à apprendre à se dresser, hanches contractées, genoux contractés, pieds écartés, cette main (la main droite) poussant dur. Alors vous découvrez comment répartir votre équilibre corporel, en tournant la tête et le corps. Il faut maintenant apprendre à coordonner toutes les modifications de votre équilibre corporel quand vous bougez les mains, la tête, les épaules, le corps – et il faut apprendre tout ça à nouveau avec l'autre main. Puis vient la tâche terriblement difficile d'apprendre à garder les deux mains levées et à les bouger dans toutes les directions, tout en reposant sur les deux bases solides des pieds, bien écartés. Tout en gardant les hanches contractées – et les genoux contractés – et en prenant garde à contrôler à la fois les genoux, les hanches, le bras droit, le bras gauche et le corps. Et finalement, quand vous avez été suffisamment assuré, vous avez essayé sur un pied. Ça c'était du boulot !
Comment vous avez fait pour porter votre corps entier, hanches contractées, genoux contractés, tout en ressentant les mouvements des mains, de la tête et du corps ? Et puis pour poser un pied devant et modifier votre centre de gravité ! Vos genoux se sont pliés – et vous êtes tombé assis : Vous vous êtes relevé et vous avez recommencé. Enfin, vous avez appris à poser un pied devant l'autre et à faire un pas, et c'était bon. Vous avez recommencé – et c'était si bon. Puis le troisième pas – avec le même pied – et vous êtes tombé ! Ça vous a pris du temps pour alterner droite gauche, droite gauche, droite gauche. Maintenant vous pouvez balancer les bras, tourner la tête, regarder à gauche et à droite, et marcher sans jamais faire le moins du monde attention à vos genoux et à vos hanches.

"Ma voix t'accompagnera : Milton H. Erickson raconte"
Textes établis et commentés par Syndey Rosen


Le paysan chinois

Un paysan chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possédait un cheval blanc merveilleux. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait :
- Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal, pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre.
Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l'étable vide donnèrent leur opinion :
- Il était prévisible qu’on te volerait ton cheval. Pourquoi ne l’as-tu pas vendu ?
Le paysan se montra plus dubitatif :
- N’exagérons rien, dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’étable. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ?
Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d’esprit.
Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement sauvé et ramenait alors une douzaine de chevaux sauvages avec lui. Les villageois s’attroupèrent de nouveau.
- Tu avais raison, ce n’était pas un malheur mais une bénédiction.
- Je n’irai pas jusque-là, fit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ?
Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze chevaux était indubitablement un cadeau du ciel. Qui pouvait le nier ?
Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta à terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :
- Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui donc t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre.
- Voyons, rétorqua le paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir.
Quelques temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du pays furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.
- Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que nos fils vont se faire tuer.
- Je vous en prie, répondit le paysan, ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est bien ou mal.
Quelques mois plus tard, la guerre se termina. Certains n’en revinrent pas. D’autres rentrèrent, couverts de gloire et chargés d’un riche butin de guerre.
- Tu n’as pas de chance, dit le voisin, ton fils n'est pas revenu riche de la guerre.
- Est-ce une chance, est-ce une malchance ? Qui peut le savoir ? dit le paysan. Richesses vite accumulées, richesses vite dilapidées dit le proverbe.
Et la misère revint, encore plus dure à supporter après une période d'abondance.
- Tu as de la chance, dit le voisin. Ton fils n’est pas rentré riche de la guerre, mais il n'est pas tombé dans cette misère noire et déprimante où sont en train de sombrer nos propres enfants.
- Est-ce une chance, est-ce une malchance, dit le vieux paysan. Qui peut le savoir ?

Conte de sagesse taoïste

Le paysan chinois

Légende du Colibri

Légende du Colibri

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s'activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n'es pas fou ? Ce n'est pas avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu !"
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."

Légende amérindienne


Seuls et accompagnés

Cet homme avait beaucoup voyagé. Au long de sa vie, il avait visité des centaines de pays réels et imaginaires ...
L'un des voyages dont il gardait le souvenir le plus impérissable était sa courte visite au Pays des Longues Cuillères. Il était arrivé à la frontière par hasard : sur le chemin menant d'Uvilandia à Paraís, il y avait une petite déviation qui allait vers ce pays. Comme il adorait explorer, il prit ce chemin. La route sinueuse s'arrêtait à une immense maison isolée. En s'approchant, il remarqua que la demeure semblait divisée en deux pavillons : une aile ouest et une aile est. Il gara sa voiture et s'approcha de la maison. A la porte, une pancarte annonçait :

PAYS DES LONGUES CUILLIERES

"Ce petit pays ne compte que deux habitations, nommées Noire et Blanche. Pour le parcourir, vous devez avancer dans le couloir jusqu'à l'endroit où il se divise, et tourner à droite si vous voulez visiter la Noire, à gauche si c'est la Blanche que vous souhaitez connaître."

L'homme avança dans le couloir, et le hasard le fit tourner d'abord à droite. Un nouveau couloir d'une cinquantaine de mètres aboutissait à une énorme porte. Dès les premiers pas lui parvinrent des "aie" et des "ouille" qui provenaient de la pièce Noire.
Pendant un moment, les exclamations de souffrance et les gémissements le firent hésiter, mais il décida de continuer. Il arriva à la porte, l'ouvrit et entra.
Assises autour d'une immense table se trouvaient des centaines de personnes. Au centre de la table étaient disposés les mets les plus exquis qu'il fût possible d'imaginer et, bien que tous aient une cuillère leur permettant d'atteindre les plats posés au centre, ils mouraient de faim ! La raison venait de ce que les cuillères, deux fois plus longues que leurs bras, étaient fixées à leurs mains. Tous pouvaient donc se servir, mais aucun n'avait la possibilité de porter la nourriture à sa bouche.
La situation était si désespérée et les cris si déchirants que l'homme fit demi-tour et sortit de la salle en courant.
Il revint à l'embranchement central et prit le couloir de gauche qui conduisait à la pièce Blanche. Un couloir exactement pareil au précédent prenait fin devant une porte identique. La seule différence était qu'en chemin on n'entendait ni plaintes ni lamentations. Arrivé à la porte, l'explorateur tourna la poignée et pénétra dans la pièce.
Des centaines de personnes se trouvaient également assises autour d'une table semblable à celle de la pièce Noire. Au centre, on voyait aussi des plats exquis, et toutes les personnes portaient une longue cuillère fixée à leur main.
Mais ici, personne ne se plaignait ni ne se lamentait. Personne ne mourait de faim, parce que tous se donnaient à manger les uns aux autres !
L'homme sourit, fit demi-tour et quitta la pièce Blanche. Lorsqu'il entendit le "clic" de la porte qui se refermait, il se retrouva soudain, mystérieusement, dans sa voiture, en train de conduire sur la route qui menait à Paraís.

Jorge Bucay
Laisse-moi te raconter ... les chemins de la vie

Seuls et accompagnés

Les trois tamis

Les trois tamis

Quelqu'un vient un jour trouver Socrate et lui dit : "Sais-tu ce que je viens d'apprendre sur ton ami ?"
- Un instant, répondit Socrate. Avant que tu me racontes, j'aimerais te faire passer le test des 3 tamis.
- Les 3 tamis ?
- Le premier tamis est celui de la vérité. As-tu vérifié si ce que tu veux me dire est vrai ?
- Non. J'en ai simplement entendu parler ...
- Tu ne sais donc pas si c'est la vérité.
Essayons de filtrer en utilisant un autre tamis, celle de la bonté. Ce que tu veux m'apprendre sur mon ami, est-ce quelque chose de bon ?
- Ah non ! Au contraire.
- Donc, continua Socrate, tu veux me raconter de mauvaises choses sur lui et tu n'es même pas certain si elles sont vraies.
Tu peux peut-être encore passer le test, car il reste un tamis, celle de l'utilité. Est-il utile que tu m'apprennes ce que mon ami aurait fait ?
- Non. Pas vraiment.
- Alors, conclut Socrate, si ce que tu as à me raconter n'est ni vrai, ni bien, ni utile, pourquoi vouloir me le dire ?

Paroles de sagesse de Socrate


Quel est le Sens de la Vie ?

Robert Fulghum raconte cette histoire d'un de ses professeurs, un homme sage qui s'appelait Alexander Papaderos :

A la fin d'un séminaire, le Dr Papaderos se retourna et fit le geste rituel : "Y a-t-il des questions ?"
Le calme régnait dans la salle. "Pas de questions ?" Alors, j'ai demandé : "Dr Papaderos, quel est le sens de la vie ?"
Le rire habituel suivit, et les gens commençaient à s'agiter pour partir. Papaderos leva la main et immobilisa la salle, et me regarda pendant un long moment, s'enquérant du regard si j'étais sérieux, et de voir à mon regard que je l'étais.
"Je vais répondre à votre question." Prenant son portefeuille dans sa poche, il en sortit un très petit miroir rond, de la taille d'une pièce de monnaie. Et il a dit à peu près ceci :
"Quand j'étais petit enfant, pendant la guerre, nous étions très pauvres et nous vivions dans un village isolé. Un jour, sur la route, j'ai trouvé les morceaux d'un miroir cassé. Une moto allemande avait été détruite à cet endroit.
"J'ai essayé de trouver toutes les pièces et de les mettre ensemble, mais ce n'était pas possible, alors j'ai seulement gardé le plus gros morceau. Celui-ci. Et en le grattant sur une pierre, je l'ai arrondi. J'ai commencé à jouer avec, comme un jouet, et je suis devenu fasciné par le fait que je pouvais réfléchir la lumière dans les endroits sombres où le soleil ne brillerait jamais dans des trous et des crevasses profonds et des placards sombres. C'est devenu un jeu pour moi d'amener la lumière dans les endroits les plus inaccessibles que je pouvais trouver.
"J'ai gardé le petit miroir, et en grandissant, je le sortais dans les moments de repos et poursuivais le défi du jeu. Devenu homme, j'ai commencé à comprendre que ce n'était pas seulement un jeu d'enfant, mais une métaphore de ce que je pourrais faire de ma vie. J'en suis venu à comprendre que je ne suis pas la lumière ou la source de lumière. Mais la lumière, la vérité, la compréhension, la connaissance est là, et elle ne brillera dans de nombreux endroits sombres que si je la réfléchis.
"Je suis un fragment de miroir dont j'ignore tout du dessin et de la forme. Néanmoins, avec ce que j'ai, je peux réfléchir la lumière dans les endroits sombres de ce monde, dans les endroits noirs dans le cœur des hommes et changer certaines choses chez certaines personnes. Peut-être que d'autres peuvent voir et faire de même. C'est ce que je suis. C'est le sens de la vie."
Et puis il prit son petit miroir, et le tenant délicatement, il attrapa les rayons lumineux de la lumière du jour à travers la fenêtre, et les réfléchit sur mon visage et sur mes mains jointes sur le bureau.

Robert Fulgum
It Was On Fire When I Lay Down On It

Sens de la Vie